L’apprentissage et la régulation des émotions chez l’enfant de plus de 3 ans – une épreuve parentale complexe

En tant que parent, vous aspirez à voir votre enfant heureux, n’est-ce-pas ? Oui mais, vous êtes inquiet, fatigué et déconcerté… Le quotidien n’est pas un long fleuve tranquille ! Votre progéniture a grandi et le terrible two est derrière vous. Toutefois, vous assistez, toujours impuissant, à des bouleversements émotionnels déraisonnables ? La gestion des émotions au cours de l’enfance est un processus de développement normal. Votre besoin d’accompagnement et de soutien l’est tout autant ! Poursuivez la lecture de cet article, nous vous promettons de nombreux conseils et méthodes pour apporter de la douceur dans votre vie (et surtout, celle de votre enfant).

La gestion des émotions pendant l’enfance : une phase de développement inévitable

En quelques mots, qu’est-ce qu’une émotion ?

Le dictionnaire médical de l’Académie de médecine définit cet état comme un « mouvement affectif soudain et intense, entraînant un débordement temporaire du contrôle réflexif sous l’effet d’une stimulation du milieu. L’émotion comporte : une expérience subjective (joie, tristesse, colère, peur, etc.), une expression comportementale d’excitation ou d’inhibition (mimique, gestuelle, posture, etc.), des modifications neurovégétatives et endocriniennes ».

Sa manifestation est complexe, et l’est davantage encore pour les plus jeunes qui ne parviennent pas à les gérer. Elle survient en réponse à un besoin insatisfait (sécurité, affectif, social…).

Cette notion comprend 6 émotions dites « fondamentales » ou encore « primaires » : la joie, la peur, la colère, la tristesse, le dégoût, la surprise.

D’un point de vue scientifique, les recherches menées jusqu’à présent ont établi que le cerveau se compose de plusieurs cerveaux émotionnels. Chacun d’eux fonctionne de façon distincte au sein de son propre circuit cérébral.

Mais qu’en est-il du cerveau des enfants ?

Quelles sont les compétences émotionnelles des plus de 3 ans ?

Les acquisitions émotionnelles des enfants sont directement liées au niveau de maturité de leur cerveau, et pour cause !

Il existe une théorie selon laquelle notre cerveau serait composé de trois zones (ou trois cerveaux) :

  • le reptilien, qui régit l’ensemble de nos « comportements-reflexes » et primitifs ;
  • le limbique, siège des émotions ;
  • le néo-cortex, qui complique le raisonnement et le langage notamment.     
Visuel @Marc Van Rymenant

Le cortex orbito-frontal (COF) est défini par Catherine Guéguen, pédiatre franco-britannique et auteur, comme « la partie du cortex préfrontal qui contrôle nos émotions et nos impulsions, et les circuits neuronaux reliant celui-ci au cerveau archaïque (ou reptilien) et au cerveau émotionnel (ou limbique) ».

Or, il ne commence à se développer qu’à partir de 5 ans ! Plus incroyable encore, pour certains neurologues, le cortex préfrontal se développerait même jusqu’à l’âge de 25 ans !

En d’autres termes, le cerveau reptilien commande les réactions des plus jeunes. Ils ne sont, de ce fait, pas en mesure de les gérer raisonnablement.  

Ces conséquences émotionnelles s’estompent vers les 5 ou 6 ans. L’entourage, en ayant un comportement bienveillant notamment, agit favorablement sur cet épanouissement.

Le rôle crucial du parent dans le développement émotionnel infantile

Comprendre son enfant pour l’aider à dompter ses émotions

Nous catégorisons (trop) facilement les comportements de « bons » ou de « mauvais ». C’est une erreur : toute émotion doit être vécue. En revanche, la réaction à celle-ci doit faire l’objet d’un apprentissage. Lorsqu’un enfant tape, se roule par terre ou se met à crier, nous condamnons immédiatement cette action.

Néanmoins, il n’est pas en mesure d’appréhender verbalement l’émotion qui la traverse. Cette pulsion peut révéler une jalousie, une peur, une tristesse ou un sentiment d’injustice, difficile à exprimer.

Avec bienveillance, conciliance, écoute et observation, vous parviendrez à comprendre la signification de l’acte physique réalisé ou l’attitude adoptée. Prenez le temps nécessaire pour interpréter ces gestes !

Son besoin de soutien et de compréhension est considérable. En reformulant les sensations qu’il a vécues vous lui prouvez toute l’empathie dont vous lui témoignez ! N’hésitez pas à lui rappeler :

  • qu’il a le droit de les ressentir ;
  • que cela est normal et naturel ;
  • que vous en éprouvez également ;
  • qu’il n’a pas le droit, en revanche, d’utiliser une quelconque sorte de violence, que ce soit à l’égard des autres ou contre lui-même.

Admettre que toute émotion est bonne à vivre est une première étape pour apprendre à les dompter. Différents outils, méthodes et exercices sont à exploiter pour y parvenir.

Méthodes pour améliorer ses compétences émotionnelles

Rendre votre enfant acteur

Maîtriser ses émotions implique avant toute chose de les connaître. Quotidiennement, nommez les vôtres et celles qu’il rencontre. Rien ne sera plus concret pour lui, car elles se manifestent dans de véritables circonstances. 

Encouragez votre enfant à placer des mots sur celles-ci au travers des lectures. Un travail d’analyse intéressant y est requis : il devra observer l’environnement dans lequel le personnage se trouve, sa posture, mais aussi ses expressions.

Mettre en place des jeux de rôle est un parfait exercice pour développer l’empathie notamment. Comprendre celles d’autrui l’aidera à mieux cerner les siennes ! En inventant des histoires et en impliquant directement votre progéniture, il intègre d’autant mieux le panel d’émotions existant. Vous pouvez même inverser les rôles, endosser celui de l’enfant et vice versa.

Par ailleurs, renforcer sa confiance et son estime propre favorisent cet apprentissage. Dans un premier temps, incitez-le à exprimer ses besoins et à s’affirmer. Dans un second temps, rendez-le acteur et proactif en lui demandant d’identifier des éléments déclencheurs de crises. En l’aidant à appréhender leur arrivée, vous le responsabilisez et améliorez son autorégulation !

Développer des techniques physiques et créatives

Tout d’abord, les activités créatives concourent à la régulation émotionnelle en facilitant l’expression des sentiments. C’est un excellent moyen de communication et de libération.

En outre, les activités physiques et sportives rassemblent de multiples bienfaits. Elles participent à l’extériorisation du trop-plein d’émotions accumulées et libèrent des endorphines. Aussi appelées « hormones du bonheur », elles améliorent le sommeil et diminuent le stress. En somme, elles apaisent et contribuent au bien-être général du corps et de l’esprit.

Enfin, la pleine conscience a son rôle à jouer dans l’ajustement des comportements émotionnels. Induire une telle conscience limite les attitudes impulsives. L’enfant, en identifiant les émotions, apprend à les observer et à les accepter. La relaxation, la respiration ainsi que la méditation sont des exercices cultivant le sentiment de bien-être. Ils favorisent le contrôle, le calme, la détente et permettent à la jeune personne de se recentrer sur elle-même. En réduisant son anxiété, elle parvient à s’autoréguler.

L’implication parentale : vous êtes sa référence !

L’éducation, la présence et l’implication parentale sont des éléments aussi fondamentaux qu’essentiels. Le maître-mot est : bienveillance. Vous agirez comme tel en acceptant les émotions de votre petit et en les accueillant sans les juger ni les réprimander. En le laissant s’exprimer librement, vous comblez son besoin intense de sécurité.

De plus, la communication est indispensable. Échanger, écouter activement et sincèrement, participe à la création d’un climat de confiance. Vous êtes son pilier ! Ne vous privez pas de lui rappeler votre soutien sans faille dans l’apprivoisement de ses tourbillons.

Dans cette même lignée, partagez vos propres ressentis. Cette jeune fille ou ce jeune garçon a un fort besoin d’identification. Vous êtes son modèle. Prendre conscience du fait que les adultes ont également des sentiments parfois forts et/ou négatifs qu’ils sont en mesure de maîtriser l’en rend capable.

Toutefois, vous montrer bienveillant, prévenant et soutenant ne vous dispense pas de faire preuve de fermeté. Leur bon épanouissement repose en partie sur la présence d’un cadre éducatif. Établir des limites est primordial ! Elles définissent dans quelle mesure les attitudes émotionnelles peuvent s’exprimer.

Enfin, inspirez-lui des émotions saines et valorisantes en ayant un comportement positif à votre propre égard. Cela contribuera à chasser de l’esprit infantile les phrases du type « je suis nul/le », « je n’y arriverai pas », au profit de convictions positives telles que « je suis capable », « je ferai tout pour y arriver ».

Dans tous les cas, le meilleur moyen pour qu’un enfant puisse adopter une attitude que vous souhaitez lui inculquer, est de vous l’appliquer à vous-même ! L’enfant, alors dans l’imitation, apprendra petit à petit au travers des attitudes de ses parents.

une femme qui fait un calin à un enfant

Le recours à un thérapeute : le défi de la compétence émotionnelle

Être soutenu en tant que parent pour mieux accompagner son enfant

Agir en faveur de l’amélioration des capacités émotionnelles de son enfant est un défi. Vous sentir démuni face à ses débordements est compréhensible. Ainsi, il n’est ni rare, ni honteux, de solliciter de l’aide. Bien au contraire ! Lorsque l’on éprouve une fatigue maternelle ou paternelle, être réactif est essentiel. Pallier rapidement le mal-être perçu dans l’exercice de la fonction de parent est capital pour maintenir l’équilibre familial et éviter le burn-out parental.

Vous pouvez trouver du soutien auprès de divers professionnels de santé : médecin-traitant, pédiatre ou encore psychologue. L’ordre des psychologues du Québec définit le psychologue comme « un expert du comportement, des émotions et de la santé mentale ».  Il apporte une vision extérieure, neutre et impartiale. Sa thérapie, composée de plusieurs séances, a pour but de cibler les éventuels points de rupture avec votre enfant et leurs origines afin d’établir les mécanismes à appliquer pour apaiser votre quotidien.

Dans cet esprit, entreprendre une thérapie psychocorporelle est une solution. L’approche y est à la fois différente et plus complète. En effet, elle intègre le corps, mais aussi l’inconscient. Peut-être souffrez-vous de traumatismes inconscients qui entravent votre rôle parental sur lesquels il est possible de travailler !

Aiguiller l’enfant dans son parcours émotionnel

Parfois, bienveillance, patience et écoute sont insuffisants pour accéder à un quotidien serein. Mais les variations d’humeur, les submersions émotives permanentes peuvent cependant traduire un potentiel mal-être plus profond de votre enfant. Toute croissance émotionnelle est unique. L’y aider favorablement est impératif pour construire l’adulte qu’il deviendra demain. La régulation des émotions est une des clefs d’accès à une bonne santé mentale.

La thérapie permet à votre enfant de profiter d’un temps d’échange et d’écoute. S’inscrivant en dehors du cadre familial, se confier et exprimer ses détresses peut s’avérer plus simple. Bien entendu, elle est modulée selon les besoins et l’âge des jeunes filles et garçons.

Les thérapies psychocorporelles conviennent également à cette jeune cible. Effectivement, ces petites personnes peuvent souffrir de traumatismes inconscients voire même pâtir de mémoires cellulaires ou transgénérationnelles sur lesquelles il est possible d’agir. Toute piste est à explorer.  

Cas particulier de l’hypersensibilité

L’hypersensibilité se définit en psychologie comme « une sensibilité plus haute que la moyenne, c’est-à-dire une réactivité extrême aux stimuli, qu’ils soient internes (pensée, croyance, émotion) et/ou externes ». Cathy Assenheim, psychologue. 

Acquérir une maturité émotionnelle est une étape délicate du développement infantile, mais elle l’est davantage encore pour les petits êtres dont la sensibilité est exacerbée. Comprenez que, pour ces derniers, leurs perceptions et leurs émotions sont exceptionnellement accentuées. De ce fait, leurs réactions le sont tout autant : nombreux pleurs, intolérance à la frustration, éponges émotionnelles, anxiété importante dans de nouveaux environnements, etc.

Le quotidien avec un enfant hautement sensible est complexe, à la fois pour lui et pour son entourage. Faire preuve d’observation, adapter son environnement, se montrer prévenant, bienveillant et patient sont les attitudes fondamentales à adopter pour apaiser cette vie si intensément ressentie.

Un soutien thérapeutique extérieur a véritablement vocation à :

  • soutenir les parents dans leur rôle éducatif et d’accompagnement ;
  • soulager l’enfant face à son hypersensibilité en définissant des stratégies d’apaisement ; 
  • maintenir l’équilibre familial.

Vous aimeriez de tout cœur apporter un petit peu plus de sérénité dans votre vie et vous armer pour affronter la phase de développement émotionnelle de votre progéniture ? Convenons d’un premier échange ! Nous ferons en sorte que l’apprentissage de la gestion des émotions soit un jeu d’enfant !

Rédigé par Audrey Bône

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