La psychogénéalogie : quelles sont les résonances du passé sur notre présent ?

« Il était une fois » : la majorité des contes de notre enfance commence ainsi. Mais qu’en est-il de notre propre histoire ? Nous pouvons avoir des bases solides, issues d’un passé limpide, comme des peurs ou des blocages générées parfois par un vécu lointain qui ne nous appartient même pas. La psychogénéalogie est une thérapie fondée sur l’étude du passé. Elle considère que les évènements antérieurs peuvent avoir des répercussions inconscientes sur le présent, avec différentes conséquences psychiques voire parfois somatiques. Les expériences vécues par nos ancêtres contribuent à la construction de notre histoire familiale, voire de notre personnalité. Cependant elles peuvent aussi se révéler lourdes à porter. Qu’ils s’agissent de secrets de famille, de détails en apparence anodins, il peut être intéressant de se questionner sur le passé vécu par nos aïeux pour pouvoir avancer plus sereinement vers l’avenir. Penchons-nous ensemble sur les origines de la psychogénéalogie et ses différents outils associés. A qui s’adresse cette étude transgénérationnelle en vogue ? Quels sont ses bienfaits mais aussi quelles questions soulève-t-elle ?  Se pourrait-il que le passé des générations antérieures ait une influence sur nos maux du présent et que mettre des mots dessus soit la clé pour sortir de certaines impasses? 

La psychogénéalogie : ses principes et ses bienfaits

Ce voyage à travers le passé a été initié depuis une cinquantaine d’années. Il s‘est largement répandu depuis dans les milieux du développement personnel et de la psychothérapie. Il s’appuie dans un premier temps sur l’établissement de l’arbre généalogique (également appelé le génosociogramme) et l’analyse des divers évènements remarquables vécus par nos ancêtres.

Les fondements de la thérapie transgénérationnelle

Cette technique, aussi appelée analyse transgénérationnelle, a été fondée par Anne Ancelin Schützenberger, psychologue et professeur d’université, dans les années 80. Cette dernière  a écrit divers livres sur le sujet comme « Aïe, mes aïeux ! ». Elle voulait mettre l’accent sur l’impact et les répercussions des épisodes vécus par nos ascendants sur nous-même ; les descendants. Elle a ainsi créé un outil pour analyser l’histoire familiale : le génosociogramme. Ses différents schémas permettent d’associer l’environnement historique, socioculturel et économique, à la généalogie de notre lignée. 

Sa réflexion a inspiré de nombreux autres thérapeutes, dont Françoise Dolto : « Ce qui est tu à la première génération, la seconde la porte dans son corps. »

« La psychogénéalogie clinique, c’est poser les valises de son passé et accepter de lâcher prise pour surmonter les dégâts des traumatismes incorporés en soi, les contrecoups, les conséquences et les éventuels effets néfastes d’un vécu familial, de ses plaies, erreurs, fautes, hontes, culpabilités, regrets, déracinements, pertes, deuils, secrets et non-dits, etc. » Anne Ancelin Schützenberger.

Les théories associées au secret de famille

Il est parfois nécessaire de se libérer de la mémoire du passé, d’effectuer un nettoyage transgénérationnel. C’est le cas par exemple dans la diffusion de traumatismes inconscients, comme les fameux secrets de famille. Pour l’illustrer, Nicolas Abraham et Maria Torök, psychanalystes, ont développé les théories de « fantôme » et de « crypte ». La crypte symbolise l’endroit où les secrets sont enfermés, de façon inconsciente. Les fantômes représentent la transmission de ces secrets aux générations futures, entraînant souvent un phénomène involontaire de répétition. L’identification, puis la libération du secret de famille, de ces non-dits, permettraient de stopper le processus.   

L’arbre généalogique : la base de la psychogénéalogie

La première étape dans le cadre d’un travail de psychogénéalogie classique consiste évidemment dans l’établissement de l’arbre généalogique. Ce travail de recherche est aussi appelé génosociogramme. Il est composé des expériences, heureuses ou malheureuses, vécues par vos ancêtres. Cette récolte peut s’avérer surprenante. La quête de vos racines peut révéler de potentiels secrets de famille mais aussi des situations inattendues, pas forcément négatives. La psychogénéalogie s’intéresse en effet également aux nombreux faits heureux d’une lignée. Elle est à même de servir de fil conducteur pour comprendre votre vie, vos choix personnels et professionnels. Elle permet d’éclairer votre chemin de vie actuel sans qu’il soit forcément question de traumatismes. L’arbre sera construit à partir des:

    • noms, prénoms, dates importantes;
    • naissance et décès ;
    • mariages, séparations, liens affectifs ;
    • métiers exercés ;
    • lieux de vie, évènements familiaux ; 
    • toute information qui a constitué un tournant dans le parcours familial. 

    Une fois le génosociogramme établi, il pourra être analysé avec le thérapeute pour faire des liens avec le présent, repérer des répétitions inconscientes, parfois stériles. Il vous amènera à établir une réflexion pour vous libérer des fardeaux hérités par votre histoire familiale. Cette réflexion peut également débuter sans avoir préalablement effectué un arbre généalogique. Elle peut s’articuler autour de l’analyse des événements clés actuels et de l’inconscient, que l’on peut rattacher à ceux vécus dans le passé si besoin. Vous pourrez ainsi vous engager vers une réappropriation de votre histoire, sans la subir. 

    passerelle vers arbre

    La mémoire de notre ADN

    Chaque jour, nous stockons de nouveaux souvenirs dans notre mémoire. Nous portons de la même façon dans notre ADN la mémoire du passé des générations antérieures. Plusieurs études scientifiques étudient comment notre vie psychique et celle vécue par nos ancêtres peuvent laisser des traces au sein même de notre matériel génétique. L’expérience suivante, réalisée sur des souris, l’illustre parfaitement. La première étape a été l’isolement d’une souris mâle dans une cage. Elle a subi une petite décharge électrique à laquelle a été associée une odeur particulière. Le mammifère s’est ensuite reproduit avec une souris totalement neutre. Les scientifiques ont ensuite observé les souriceaux en les isolant de leurs parents. Ils étaient tétanisés juste en respirant la même odeur associée au choc électrique paternel de la première expérience. Notre mémoire cellulaire semble bien imprégnée des expériences parfois non résolues du passé. Cela crée un héritage qu’il est important d’explorer afin de s’en détacher et d’éviter des schémas répétitifs inconscients, grâce à différentes thérapies.

    Les thérapies complémentaires de la psychogénéalogie

    Après la construction de l’arbre généalogique, qui n’est pas systématique selon les méthodes, le (ou la) thérapeute peut s’appuyer sur différents outils pour mettre en évidence les deuils non faits, les alliances possibles, les ruptures ou les transmissions. Il existe une grande variété de thérapies possibles autour de l’exploration du passé, comme celle de la Thérapie Psychocorporelle et Émotionnelle que j’utilise. 

    La constellation familiale

    C’est un outil de thérapie brève conçu par l’allemand Bert Hellinger, inspiré de son vécu parmi des tribus africaines. La constellation familiale s’apparente à un jeu de rôle, visant à rétablir l’ordre dans le système familial et en améliorer ainsi la dynamique. Il s’agit de rejouer des scènes du passé, pour permettre d’exprimer des non-dits, des émotions refoulées ou de mieux comprendre une situation. Elle peut s’organiser avec des personnes, étrangères ou non, jouant le rôle des membres de la famille ou des figurines. Les représentants se laissent guider par leurs émotions découlant de la situation exposée au départ, selon leurs rôles. La scène est observée par la personne et orientée par le thérapeute. Cela peut être le moyen d’exprimer des sentiments envers un parent défunt en le faisant représenter par autrui.

    Le psychodrame

    Ce procédé très connu, créé par le médecin psychiatre Jacob Levy Moreno en 1921, consiste également à mettre en scène une problématique familiale. Ses objectifs sont variés : 

    • concrétiser les événements du passé ou de l’imaginaire, à travers l’étude du langage corporel ;
    • résoudre les conflits ;
    • améliorer les rapports entre les individus ; 
    • prendre conscience des difficultés psychologiques personnelles et s’en dégager. 

    Cette mise en situation, reposant sur l’action, est propice à l’expression des émotions refoulées et permet de débloquer des situations. L’improvisation, la mise en scène, le côté jeu ouvrent la voie à l’extériorisation des vécus souvent réprimés.

    La psychothérapie psychocorporelle et émotionnelle

    En soignant à la fois le corps et l’esprit, la Thérapie Psychocorporelle et Émotionnelle vous permettra de vous libérer de vos blocages, des émotions enfouies dans un espace neutre et bienveillant. Cet accompagnement personnalisé vous aidera à retrouver confiance en vous et ouvrira le chemin vers un épanouissement personnel dans la sérénité. C’est une combinaison d’outils d’expression orale et corporelle pour apprendre à gérer au mieux vos réactions face à des situations bloquantes. 

    Le rêve éveillé

    Proche de l’hypnose, cet état de semi-conscience s’appuie sur la fonction imaginative. Son but, lorsque la personne est plongée dans un état de relaxation, est de faire apparaître spontanément des images mentales. Celles-ci, nommées par Carl Gustave Jung « les archétypes », peuvent être ensuite analysées par le thérapeute. Ce travail permet de différencier les images produites par les expériences propres à chacun (ou « psychisme subjectif ») et celles induites par l’inconscient collectif. Elles peuvent résulter des événements du passé analysés dans le cadre de la psychogénéalogie.

    Les autres thérapies possibles

    Il existe un large panel de méthodes thérapeutiques pouvant être associées à la psychogénéalogie, pour effectuer un travail libératoire. Nous pouvons entre autres citer la Gestalt thérapie, l’écriture, l’hypnose, l’art-thérapie ou la psychanalyse.

    Les bienfaits de la psychogénéalogie selon les symptômes et les ressentis

    La psychogénéalogie peut s’avérer utile dans de nombreuses situations, auxquelles nous pouvons tous être un jour confrontés. Que vous ayez besoin de couper les liens transgénérationnels parfois trop étroits, de nettoyer les mémoires ou les héritages émotionnels involontaires, le travail de psychogénéalogie peut vous aider. 

    Les troubles soignés par la thérapie transgénérationnelle

    Son champ d’utilisation est très large. Elle peut apporter un éclairage dans :

    • les blocages affectifs, les traumatismes inconscients ; 
    • les deuils non faits, les syndrômes d’anniversaire ;
    • le Syndrome du jumeau perdu ;
    • les douleurs psychosomatiques (dos, migraines) ; 
    • les blessures transgénérationnelles ;
    • les difficultés à la conception (infertilité, stérilité), qui peuvent trouver parfois racine loin dans le passé ;
    • les causes de syndrôme dépressif ou anxieux ;  
    • les maladies somatiques qui seraient l’expression d’un non-dit. Évidemment, dans ce cas précis, rappelons que la psychogénéalogie ne se substitue en aucun cas à un traitement médical. Elle apporte seulement une aide complémentaire vers le processus de guérison. Il est en effet parfois utile de débloquer l’inconscient pour favoriser l’acceptation d’une maladie ou améliorer l’adhésion à un traitement médicamenteux. 
    • Les troubles addictifs ou les troubles alimentaires comme la boulimie, l’anorexie, les dépendances pour lesquels elle peut parfois trouver des explications. L’analyse transgénérationnelle peut ainsi mettre en lumière un schéma de reproduction et tenter d’y mettre un terme.

    tronc d arbre

    Les bienfaits du travail de psychogénéalogie

    L’analyse transgénérationnelle représente une étape essentielle dans le retour d’un équilibre entre votre corps et votre esprit. Elle sert de mise au point lors d’un moment clé de notre parcours de vie. Elle offre la possibilité d’utiliser son libre arbitre pour briser le cycle des schémas répétitifs familiaux inconscients et se libérer ainsi des loyautés familiales invisibles. Vous aurez également l’opportunité de renouer avec vos ancêtres, à travers les événements positifs. Cela peut être une nouvelle source de confiance en soi, un tremplin pour écrire votre légende personnelle, sans aucun jugement ni poids du passé. 

    Conseils et réserves

    Vous pourrez lire beaucoup de critiques ou de réserves vis-à-vis de cette pratique. La principale est issue du manque d’encadrement autour de la discipline de l’analyse transgénérationnelle. Il convient évidemment de toujours s’adresser à un praticien reconnu et diplômé. L’autre s’appuie sur son côté non scientifique. Ses détracteurs mettent en avant qu’il est courant de trouver des similitudes dans chaque arbre généalogique. Ils les apparentent au hasard, ou à la génétique. Ils dénoncent également les abandons irréfléchis de traitement médical dans le cadre de maladie au long cours, qui ont eu des conséquences parfois dramatiques. Comme dans toute thérapie, rappelez-vous que vous en êtes l’acteur, gardez les rênes et le recul nécessaire. 

    À l’heure ou le présent est parfois anxiogène, l’avenir incertain, il peut s’avérer intéressant de poser un regard sur ce qui nous a précédé. La psychogénéalogie ne se résume pas à établir un arbre généalogique. C’est une façon de se réapproprier son histoire personnelle et familiale. L’héritage laissé par nos aïeux peut être tout autant bon que mauvais, utile que dangereux. C’est le chemin pour accepter ce qui a été sans pour autant le subir, et mettre de côté ce qui s’avère encombrant. C’est parfois la réponse à un blocage inconscient, une addiction ou un comportement répétitif. Si cette riche exploration du passé résonne en vous, je vous invite à me contacter pour faire un bilan ensemble. Nous pourrons déterminer quel type de thérapie vous correspond entre une Thérapie Psycho Corporelle personnalisée, ou une Thérapie de développement personnel adaptée à vos besoins.

    Comme dans un jardin, le fait de tailler des branches ne signifie pas arracher ses racines, mais redonner de l’énergie aux bourgeons futurs !

    baobab

    Article rédigé et photos prises par Florence Boispertuis

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